Le siège de Merlebach

 

La Compagnie des Mines du Hochwald démarre le fonçage du puits Hochwald (puits 4) en 1855.

En 1861, à 175m de profondeur les travaux sont stoppés par une forte venue d'eau. Après une période de mise en veille d'une quinzaine d'an­nées, la nouvelle société " Saar und Mosel '' entre­prend en 1872, un autre fonçage, le puits 5 (Vouters 1) situé à l'Ouest, à 25 In du premier. Les travaux sont une fois de plus stoppés, par les eaux, en 1879.

Le fonçage est repris en 1891. En juin 1894, après avoir enfin péné­tré le houiller, le puits parvient à la cote 295. Le premier travers-banc est creusé. Malheureusement l'eau envahit à nouveau les travaux et noie le puits jusqu'à 241 m. Mise en difficulté, la société cède ses participations, en 1900. à un groupe allemand dont les action­naires majoritaires sont Hugo Stinnes et Auguste Thyssen. Les travaux redémarrent et le premier charbon est enfin extrait en 1904.

Une immense joie s'empara de la population de Merlebach quand la nouvelle de la première extraction de charbon se répandit. Les premières berlines, couvertes de sapin et de fleurs ont été exposées devant la chaufferie. "

 

Le siège de Merlebach, puits Freyming et puits 5, en 1952

 

En 1905, le Fonçage du puits Hugo Stinnes (Puits Freyming) démarre. La technique de congélation facilite le passage des terrains aquifères. En 1912, le puits 4 est à 267 m de profondeur. Le siège de Merlebach avec son gisement dense est en plein développement, plus de cent chantiers sont en activité. L'exploitation des dressants s'avè­re particulièrement dangereuse ; les méthodes d'exploitation primitives et le remblayage à sec des chantiers favorisent les risques d'éboulement et d'incendie.

Après la guerre de 1914, la méthode d'exploita­tion par tranches montantes à remblayage hydraulique se développe progressivement. Le grès vosgien et l'eau, source des avatars des débuts de l'exploitation, sont à présent les élé­ments déterminants de son développement. Des objectifs de production toujours plus ambi­tieux incitent la direction de Sarre et Moselle à engager le fonçage du puits Reumaux (1922 à 1924), au Nord-Ouest du gisement.

Deux nouvelles machines d'extraction à vapeur remplacent les anciennes des puits Vouters 1 (ini­tialement puits 5) et Freming-Est. Des chau­dières au charbon pulvérisé permettent d'ac­croître la puissance de la centrale électrique et de la station à air comprimé pour faire face a une consommation d'énergie de plus en plus impor­tante des chantiers du fond. Devant l'augmentation régulière de la production, la société rajoute en 1923, au bloc de lavage et criblage de Vouters 1 (datant de 1903), une nouvelle installa­tion (le traitement du charbon par rhéolaveur dénommé lavoir de Reumaux).

 

Boisage d'une taille en dressants, veine mince, dans les années 1950

 

En 1920, le rendement fond est de 660 kg et atteint 2.277 kg/h/p en 1938. Durant la même période, la production passe de 696.000 tonnes à 2.071.961 tonnes. La mine est noyée pendant l'évacuation en 1939. Les Allemands reprennent l'exploitation pendant l'occupation. A la Libération le matériel est usé à l'extrême et le gisement est épuisé. Après la nationalisation des houillères françaises, par décret en date du 5 avril 1947, la concession (le Sarre et Moselle devient la propriété des Houillères du Bassin de Lorraine).

Un vaste programme de modernisation et de développement du siège de Merlebach est engagé. Son objectif est de porter rapidement la pro­duction à 11.000 tonnes nettes par jour.

Entre 1880 et 1913 se met en place l'essentiel de l'équipement de surface : machine d'extraction à vapeur des puits Saint-Joseph 1 en 1884, Saint­-Joseph 2 en 1897 et Saint-Charles 2 en 1904, bains douches en 1905 et le lavoir en 1910. Ces diverses installations assurent la marche des sièges jusqu'en 1939, voire jusqu'en 1965 pour la machine à vapeur de Saint-Charles 2. Après l'armistice de 1918, le redressement de l'exploitation est particulièrement difficile. Le matériel du fond et du jour est à bout de souffle. Le climat social agité (trois grèves, dont une de sept semaines en 1919) pénalise également la reprise. Cependant, les difficultés s'atténuent, et dès 1923, Saint-Charles et Saint Joseph retrouvent leur production d'avant-guerre.

 

Préparation du tir dans un chantier en dressants exploité selon la méthode Carrier (1950)

 

Cette mission est confiée à jean Carrier, chef de siège à partir de 1945 et à André Jarige, son suc­cesseur. Le redressement est spectaculaire. La production passe de 1.051.70It en 1945 à 3.210.107t en 1950. Ce brillant résultat est principalement dût à la réorganisation du roulage, du déblocage et au développement de nouvelles méthodes d'exploitation. Les principales innovations de cette période sont : le remplacement des cheminés en bois par des « tubbings » métalliques, l'introduc­tion de la méthode magasin ou « méthode Carrier» pour l'exploitation des veines minces, de la « méthode Jarige » pour les veines larges, la généralisation du déblocage du Charbon par couloirs oscillants dans les chantiers et par bandes transporteuses dans les travers-bancs.

De 1949 à 1950, deux nouvelles machines d'extrac­tion électriques et les skips de Freyming, desser­vant les étages 545 et 686, sont mis en service. Le criblage et le nouveau lavoir de Freyming démarrent en 1951, le fonçage de Merlebach­-Nord en 1952. La modernisation des salles de remblayage hydraulique entreprise en 1953 s'achève en 1955.

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Méthode Jarige, emploi des couloirs oscillant avec bec chargeur (1955)

ANF dans un chantier en dressants à Merlebach, 1986

 

Le fonçage du puits Hombourg Sud, commencé en 1950, est terminé en 1956. Le 30 juin 1957, une forte venue d'eau à l'étage 505 conduit à l'abandon du puits. Il devait servir à l'aérage des sièges, Sainte-Fontaine et Cuvelette.

En 1958, démarre le fonçage du puits Vouters 2 profond de 1327 mètres. Ce puits à double com­partiment est opérationnel en 1962. En 1963, l'exploitation se situe à l'étage 686 et 5.500 mineurs travaillent dans les nombreux chantiers des quatre divisions (Vouters, Reumaux, Cuvelette et Centre) du grand siège de Merlebach. Les machines d'abattage ANF et Dressmatics font leur apparition. Le rendement augmente et atteint 3.300 kg/h/p. En 1968, le siège est à son apothéose avec 18466 tonnes nettes par jour. Il figure parmi les plus puissants sièges européens.

En 1981, le siège de Merlebach est scindé en deux : le siège de Vouters avec ses tradition­nelles divisions dé dressants et le siège de Reumaux avec le secteur des dressants de l'amo­diation du Warndt et le champ dé Cocheren. La recherche de nouvelles méthodes et l'amélio­ration des conditions de travail débouchent, en 1982, sur la première taille au pendage en veine Georgette 1 Sud-est 1036. Malheureusement, cet essai ainsi que les suivants sont voués à l'échec. Un travail considérable se poursuit cependant pour mécaniser les derniers chantiers a attaques multiples.

En 1984, l annonce de la fin de l'exploitation du charbon marque aussi l'arrêt de l'embauche. Dans les plateures, le développement d e la méca­nisation permet temporairement de faire face à la baisse des effectifs alors que dans les dressants, plus tributaires de personnel, le nombre de chan­tiers diminue.

En janvier 2000, les sièges Vouters et Reumaux fusionnent pour former I' Unité d'Exploitation de Merlebach. Les mineurs des plateures retrouvent le chemin de Vouters et pour ceux des dressants, l'aventure humaine et technique s'arrête en mars 2001. Les moyens de production sont concentrés sur le seul champ Nord de Cocheren. La ferme­ture du dernier siège de la vallée du Merle est prévue en 2003.

Le puits Reumaux (suite...)